Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’en repens sincèrement. Je sais que monsieur est trop bon, trop honnête pour les répéter, avec le dessein de nuire à une pauvre domestique qui a toujours eu pour lui le plus grand respect. On devroit bien penser à retenir sa langue ; car on ne sait pas ce qui peut arriver. Si quelqu’un m’avoit dit hier que j’aurois aujourd’hui une si bonne place, je ne l’aurois pas cru. Je n’avois jamais songé à pareille chose, et je suis incapable de chercher à supplanter qui que ce soit ; mais comme milady a eu la bonté de me prendre à son service sans que je le lui eusse demandé, certainement mistress Etoff elle-même, ni personne ne peut me blâmer d’avoir profité d’une occasion qui s’est rencontrée sur mon chemin. Je prie monsieur de ne point parler des propos que j’ai tenus ; je lui souhaite tous les biens du monde, et je ne doute pas qu’il n’obtienne à la fin mademoiselle Sophie. Quant à moi, monsieur sait que je ne puis plus me mêler de cette affaire, étant aux ordres d’une autre maîtresse, et obligée de lui consacrer tout mon temps. Je prie monsieur de ne rien dire du passé, et de me croire, jusqu’à la mort,

« Sa très-obéissante et très-humble servante,
« Honora Blackmore. »