Il est vrai aussi que cette passion change quelquefois une taupinière en montagne, et fait naître le désespoir au sein de l’espérance ; mais les ames fortes ne se laissent pas longtemps abattre par le découragement : c’est au lecteur à deviner de quelle trempe étoit celle de Jones. Nous ne pouvons, faute de renseignements, lui rien dire de positif à cet égard. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’après deux heures d’attente, se sentant hors d’état de dissimuler plus longtemps l’excès de son trouble, il se retira dans sa chambre ; et peu s’en falloit qu’il ne perdît la tête, quand il reçut de mistress Honora la lettre suivante, que nous allons transcrire mot pour mot.
« Je me serois certainement rendue chez vous, suivant ma promesse, si ce n’étoit que milady m’en a empêchée. Vous savez, monsieur, que chacun doit d’abord penser à soi. Assurément, jamais je n’aurois trouvé une autre place semblable, et je serois sans excuse si j’avois refusé l’offre que milady m’a faite avec tant de bonté de me prendre pour femme de chambre, sans que je le lui eusse demandé. C’est bien la meilleure dame qu’il y ait au monde : il n’y a que des méchants qui puissent dire le contraire. Si j’ai tenu quelques propos sur elle, c’étoit par ignorance, et je