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honorer de ses bontés un homme qu’elle croyoit capable d’un dessein aussi bas ? ou peut-elle parler avec mépris des plus saints nœuds de l’amour ? Si dans un instant d’ivresse et d’oubli, ma passion l’a emporté sur le vif intérêt que je prends à votre réputation, vous êtes-vous imaginé, madame, que je me résoudrois à continuer un commerce qui ne sauroit rester longtemps secret, et dont la découverte vous perdroit dans le monde ? En supposant que vous ayez de moi cette opinion, veuillez, je vous prie, me procurer une prompte occasion de m’acquitter des obligations pécuniaires que j’ai eu le malheur de contracter envers vous. Quant à celles d’une nature plus tendre, je demeurerai toujours, etc. »

Il termina sa lettre par la même formule que la précédente.

Lady Bellaston répondit :

« Je vois que vous êtes un faquin. Vous m’inspirez le plus profond mépris. Si vous venez chez moi, ma porte vous sera fermée. »

Quoique Jones fût ravi d’être délivré d’une chaîne dont tous ceux qui l’ont portée connoissent le poids, il ne jouissoit pas d’un contentement parfait. Le plan qu’il avoit suivi étoit trop contraire à la franchise, pour satisfaire un homme qui abhorroit toute espèce de mensonge, ou de déloyauté. Jamais il n’auroit consenti à l’adopter,