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hardiesse de faire en face une pareille proposition à lady Bellaston. Nightingale, pour l’obliger, lui dicta la lettre suivante :

« Madame,

« Je suis extrêmement fâché qu’une malheureuse affaire m’ait obligé de sortir, et empêché de recevoir vos ordres au moment où ils sont parvenus chez moi. Le retard que je suis obligé d’apporter à ma justification ajoute encore à mes regrets. Ô lady Bellaston, combien j’ai craint que votre réputation ne souffrît de cette fatale rencontre ! Il n’existe qu’un moyen de la préserver de toute atteinte ; je n’ai pas besoin de vous l’indiquer ; permettez-moi seulement de vous dire que votre honneur m’étant aussi cher que le mien, l’unique gloire à laquelle j’aspire est de mettre à vos pieds l’hommage de ma liberté ; et croyez qu’il manquera toujours quelque chose à mon bonheur, tant que vous n’aurez pas la générosité de me donner, par un acte légal, le droit de vous regarder comme à moi pour la vie.

« Je suis, madame, avec le plus profond respect,

« Votre très-obligé, très-obéissant et
très-humble serviteur,
« Thomas Jones. »