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notre avis, a besoin de peu de lecture, le critique de moins encore, et le publiciste s’en passe plus aisément que l’un et l’autre. L’art poétique de Byshe, un petit nombre de nos poésies modernes, peuvent suffire au premier ; un mince recueil de pièces de théâtre au second, et une collection quelconque de journaux politiques au troisième.

Dans le fait, nous nous bornons à demander que l’homme qui se mêle d’écrire ait quelque teinture du sujet qu’il traite, suivant l’ancienne maxime de jurisprudence : Quam quisque norit artem, in ea se exerceat[1]. Avec ce léger fonds de savoir, on peut obtenir parfois une espèce de succès : sans cela, fût-on d’ailleurs le plus habile homme du monde, on ne tirera de sa science aucun parti.

Supposons, par exemple, que le ciel eût fait naître à la même époque et dans le même lieu Homère, Virgile, Aristote, Cicéron, Thucydide, et Tite-Live, et que ces beaux génies eussent réuni leurs divers talents pour composer un traité de danse, croit-on que l’ouvrage sorti de leurs mains valût celui de M. Essex, intitulé : Rudiments d’une éducation distinguée ? Et si l’admirable M. Broughton daignoit compléter l’œuvre de M. Essex en publiant les vrais principes de l’athlétique, auroit-

  1. Que chacun s’exerce dans l’art qu’il a étudié.