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obéir. C’est ainsi qu’il fut reconduit chez mistress Miller, et qu’il arriva en chancelant, comme nous l’avons dit, à la porte de Jones.

L’obstacle de l’oncle une fois écarté, sans que Nightingale sût encore comment, et tout le monde étant prêt, mistress Miller, M. Jones, M. Nightingale, et la jeune épousée, montèrent dans un carrosse de louage qui les conduisit à l’église où bientôt miss Nancy reçut, en langage vulgaire, le titre d’honnête femme, et où sa pauvre mère devint, dans toute l’étendue du terme, une des plus heureuses créatures du monde.

Jones ayant assuré par ses soins le bonheur de son hôtesse et de sa famille, songea à s’occuper de ses propres intérêts. Mais de crainte que la chaleur de son zèle pour ceux d’autrui ne soit taxée de folie, ou qu’on ne juge sa conduite plus désintéressée qu’elle ne l’étoit en effet, nous dirons que loin d’être étranger à cette affaire, il lui importoit beaucoup de l’amener à une heureuse fin.

Pour expliquer en un mot cette espèce de paradoxe, Jones pouvoit dire avec vérité, comme le personnage de Térence : Je suis homme, rien de ce qui intéresse l’humanité ne m’est étranger[1]. Jamais il ne voyoit d’un œil d’indifférence le mal-

  1. Homo sum, nihil humani a me, alienum puto.Térence.