Au moment où il venoit de remporter cette victoire et faisoit préparer un lit pour le vaincu, un messager lui apporta une lettre qui lui causa tant de surprise et d’émotion, qu’à l’instant il oublia son neveu, et ne songea plus qu’à ce qui le regardoit personnellement.
On lui mandoit que sa fille, profitant des premiers moments de son absence, s’étoit enfuie avec un jeune ministre du voisinage. Elle n’avoit pas jugé à propos de confier même à son père le secret de sa passion, quoique son amant rachetât le manque de fortune par toutes les qualités désirables, et elle s’étoit conduite si adroitement que personne, avant sa fuite, n’avoit pénétré ses sentiments.
Le vieux Nightingale accablé de douleur, envoya aussitôt chercher des chevaux de poste, recommanda son neveu aux soins d’un domestique, et quitta l’auberge, sachant à peine ce qu’il faisoit, ni où il alloit.
Après le départ de l’oncle, le domestique se disposa à mettre le neveu au lit ; il l’éveilla dans ce dessein, et lui fit entendre avec assez de difficulté que son oncle étoit parti. À cette nouvelle, le jeune homme, au lieu d’accepter le service qu’on vouloit lui rendre, demanda instamment une chaise à porteurs. Le domestique, qui n’avoit point reçu d’ordres contraires, s’empressa de lui