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que Jones, loin de se fâcher, reçut avec reconnoissance les représentations de l’excellente femme. Il lui témoigna beaucoup de regret de ce qui s’étoit passé, s’en excusa du mieux qu’il put, et lui promit de ne plus causer à l’avenir le même trouble dans sa maison.

Mais si mistress Miller ne crut pas d’abord devoir épargner à Jones quelques plaintes, un sujet plus agréable occupoit son esprit. Elle vouloit le prier de servir de père à miss Nancy, et de la conduire à l’autel. Le jeune Nightingale, déjà paré pour la cérémonie, avoit tout juste le degré de raison qu’on peut supposer à un homme qui se marie d’une manière si imprudente.

Peut-être voudra-t-on savoir de quelle manière il avoit échappé à son oncle, et s’étoit présenté la veille à la porte de Jones dans l’état d’ivresse où nous l’avons vu. Voici comment : Le vieux Nightingale, quand il l’eut emmené de chez mistress Miller à son auberge, commença en buveur déterminé, par demander du vin, tant pour satisfaire son goût, que pour ôter à son neveu la faculté d’exécuter sur-le-champ une folle résolution. Le jeune homme, sans avoir l’habitude de boire, ne haïssoit point assez la bouteille pour manquer de complaisance ou de soumission, et l’oncle le poussa si vivement, qu’il le mit bientôt hors de combat.