suis charmée que vos soupirs et votre tendre impatience n’aient point altéré votre santé. Vous ne m’avez jamais paru mieux portant de votre vie. Sur ma parole, Jones, vous pourriez en ce moment fournir à un peintre le modèle d’Adonis. »
Il y a des mots piquants auxquels les gens de cœur ne croient pouvoir répondre que par un soufflet. Peut-être aussi y a-t-il, entre amants, des expressions si passionnées, qu’elles exigent pour réponse un baiser. Le compliment de lady Bellaston sembloit être de cette nature. On le croira d’autant plus aisément, qu’il fut accompagné d’un regard où se peignoit plus de tendresse et d’amour, que la parole n’auroit pu en exprimer.
Jones se trouvoit dans la situation la plus pénible et la plus embarrassante qu’on puisse imaginer ; car pour suivre notre comparaison, quoique la provocation vînt de la dame, il ne pouvoit en demander, ni en tirer satisfaction en présence d’un tiers, l’usage des seconds, dans ces sortes de duels, n’étant point autorisé par la loi des armes. Cette difficulté ne se présenta pas à l’esprit de lady Bellaston. Comme elle ignoroit qu’il y eût dans la chambre une autre femme, elle s’étonnoit du silence de Jones. Celui-ci, honteux du ridicule personnage qu’il jouoit, demeuroit immobile, et n’osant faire la réponse convenable, il n’en faisoit aucune. On ne sauroit se