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on les en croit, elle refroidit l’imagination ; c’est comme un poids qui la comprime, et l’empêche d’atteindre à cette hauteur sublime où l’élèveroit son activité naturelle.

Nous craignons qu’on n’ait poussé ce système beaucoup trop loin, car pourquoi l’art d’écrire différeroit-il de tous les autres arts ? Le maître à danser qui a reçu des leçons avant d’en donner, n’a rien perdu par là de sa souplesse, ni de sa légèreté. L’ouvrier ne se sert pas plus mal de ses instruments, pour avoir appris à en faire usage. Il nous est impossible de nous persuader qu’Homère et Virgile eussent écrit avec plus de feu, si au lieu de posséder toutes les connoissances de leur siècle, ils eussent été aussi ignorants que la plupart des auteurs du nôtre. Nous ne croyons pas non plus que l’illustre Pitt, malgré l’imagination, la véhémence et le solide jugement dont la nature l’avoit doué, fût jamais devenu l’heureux émule des orateurs d’Athènes et de Rome, si une lecture réfléchie de Démosthènes et de Cicéron ne l’eût mis en état de faire passer dans ses discours la chaleur, l’énergie et la victorieuse dialectique qui caractérisent les harangues de ces grands hommes.

Ce n’est pas que nous demandions à aucun de nos confrères les vastes connoissances que Cicéron exige de l’orateur. Au contraire le poëte, à