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mager une pauvre domestique de la perte de sa place, c’est de lui en procurer une autre aussi bonne.

— Ne vous désespérez pas, mistress Honora, je me flatte de vous faire rentrer dans celle que vous avez perdue.

— Hélas ! monsieur, comment croire qu’il y ait du remède à mon malheur, quand je vois que la chose est impossible ? M. Western est si prévenu contre moi ! Je pourrois cependant concevoir quelque espérance, si vous épousiez un jour ma maîtresse ; ce que je désire de tout mon cœur : car vous êtes un brave et bon jeune homme. Vous l’aimez, j’en suis sûre, et je vous réponds qu’elle vous aime autant que sa vie ; on ne sauroit le nier. Pour peu qu’on ait de rapports avec elle, cela se voit clairement. Cette chère demoiselle ne sait rien dissimuler. Or si, en s’aimant de la sorte, on n’est pas heureux, qui donc le sera ? Le bonheur ne dépend pas toujours du bien qu’on possède. D’ailleurs, ma maîtresse en a assez pour deux. Assurément il y auroit une grande cruauté à séparer deux amants si passionnés l’un pour l’autre. Quant à moi, je suis convaincue que vous finirez par être unis. Si c’est votre destinée, elle s’accomplira. Lorsqu’un mariage est écrit dans le ciel, tous les tribunaux du monde ne peuvent l’empêcher. Je souhaiterois, je l’avoue, que le