Jones pâlit, et saisi d’un soudain tremblement, il ne put que balbutier.
« Ô monsieur Jones, poursuivit Honora, j’ai perdu pour toujours ma maîtresse.
— Comment ? quoi ? Au nom de Dieu, expliquez-vous… Ô ma chère Sophie !
— Vous avez raison de l’appeler ainsi. C’étoit pour moi la meilleure des maîtresses. Je ne retrouverai de ma vie une pareille place.
— Au diable votre place. Où est ma Sophie ? qu’est-elle devenue ?
— Oui sans doute, les domestiques peuvent aller au diable. Qu’on les chasse, qu’on les réduise à la misère, peu importe. Ils ne sont pas de chair et d’os comme d’autres. Non sûrement, on ne s’inquiète point de leur sort.
— Si vous avez dans l’ame quelque sentiment de compassion, apprenez-moi sur-le-champ, je vous en conjure, ce qu’est devenue Sophie.
— J’ai plus de compassion pour vous que vous n’en avez pour moi. Je ne vous donne pas au diable, parce que vous avez perdu l’objet le plus digne de votre amour. Oh vous êtes bien à plaindre, et je le suis aussi ; car s’il y eut jamais une bonne maîtresse…
— Qu’est-il arrivé ? s’écria Jones hors de lui.
— Tout ce qu’il y avoit de pis à craindre pour vous et pour moi. Son père est débarqué subi-