Mistress Western étoit chez son frère, quand elle reçut cette lettre. Depuis la fuite de sa nièce, elle lui tenoit fidèle compagnie pour le consoler dans son affliction. Or, on connoît par l’échantillon que nous en avons donné précédemment, la nature des consolations dont elle lui administroit une dose journalière.
Elle étoit debout, le dos tourné au feu, une prise de tabac à la main, occupée selon sa coutume à réconforter l’écuyer qui fumoit sa pipe, au sortir de table. Après avoir lu la lettre de mistress Fitz-Patrick, elle la remit à son frère. « Tenez, lui dit-elle, voici des nouvelles de votre brebis égarée. La fortune vous l’a rendue ; et si vous voulez vous laisser gouverner par mes conseils, il est encore possible de la sauver. »
L’écuyer eut à peine parcouru la lettre, qu’il sauta de son fauteuil, jeta sa pipe au feu, et poussa un cri de joie. Il appela ensuite ses gens, demanda ses bottes, ordonna qu’on sellât le Chevalier et plusieurs autres chevaux, et qu’on courût chercher le ministre Supple. Cela fait, il se tourna vers sa sœur, la prit brusquement par le milieu du corps, et la serrant dans ses bras : « Morbleu, dit-il, vous n’avez pas l’air content. On vous croiroit fâchée que j’aie retrouvé ma fille ?
— Mon frère, répondit-elle, les habiles politiques qui pénètrent le fond des choses, les voient