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rudement. « Halte-là, ma mie, s’écria-t-il, halte-là. Je vous défends de remettre désormais le pied chez moi.

— Eh quoi, mon père, dit Sophie, voulez-vous m’ôter ma femme de chambre ?

— Oui, mademoiselle, je le veux ; mais n’ayez pas peur d’en manquer. Je vous en donnerai une autre, et une meilleure qu’Honora. Non, non, Sophie, ne comptez plus sur cette rusée coquine pour favoriser vos escapades. »

Il emballa ensuite sa fille et le ministre dans un fiacre, y monta après eux, et ordonna au cocher de le conduire à son auberge. Pendant le chemin il ne dit pas un mot à Sophie, et ne s’occupa qu’à faire au ministre Supple un sermon sur le respect que les inférieurs doivent à leurs supérieurs.

On peut croire que l’écuyer auroit eu plus de peine à emmener sa fille, si lady Bellaston avoit voulu la retenir ; mais, dans le fait, elle étoit charmée de la captivité à laquelle Sophie alloit être condamnée ; et le complot formé par elle avec lord Fellamar ayant échoué, elle n’envisageoit pas sans plaisir les mesures rigoureuses qu’on se disposoit à prendre pour séparer à jamais Sophie de Tom Jones.