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effrayez tellement cette jeune personne, que vous lui ôtez l’usage de la parole.

— Morbleu ! répondit l’écuyer, tu prends son parti, je crois ? tu oses la soutenir ? Voilà vraiment un drôle de ministre qui se range du côté d’un enfant rebelle. Oui, oui, je te donnerai un bénéfice, tu peux y compter, j’aimerois mieux en donner un au diable.

— Je vous demande humblement pardon, monsieur, reprit Supple, votre seigneurie s’est méprise sur mon intention. »

Lady Bellaston entra en ce moment, et s’avança vers l’écuyer qui ne la vit pas plus tôt, que pour se conformer aux instructions de sa sœur, il lui fit, à la mode campagnarde, un profond salut accompagné du compliment le mieux tourné qu’il put imaginer. Venant ensuite au sujet de ses plaintes : « Vous voyez devant vous, milady ma cousine, dit-il, la fille la plus désobéissante qu’il y ait au monde. Elle s’est prise d’une folle passion pour un misérable qui n’a pas un sou vaillant, et elle refuse d’épouser un des meilleurs partis de l’Angleterre que nous lui avons destiné.

— En vérité, cousin Western, répondit lady Bellaston, vous faites tort à votre fille. Elle a certainement plus de raison que vous ne lui en supposez. Je suis persuadée qu’elle ne refusera pas un parti qui doit lui paroître si avantageux. »