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d’Hélène étoit moderne, je la croirois fabuleuse : je veux dire en ce qui concerne la conduite de Pâris, non la passion de la dame ; car les femmes ont aimé de tout temps les hommes de cœur. On conte encore une autre histoire des Sabines, et celle-là, grace au ciel, est aussi fort ancienne. Vous vous étonnerez peut-être de mon érudition. M. Hooke nous dit, ce me semble, que ces Sabines devinrent ensuite d’assez bonnes femmes. Je ne pense pas que beaucoup de femmes de ma connoissance aient été enlevées par leurs maris.

— De grace, chère lady Bellaston, épargnez-moi.

— Eh, mon cher lord, croyez-vous qu’il y ait une seule femme en Angleterre, quelque prude qu’elle paroisse, qui ne se moquât de vous dans le fond du cœur ? Vous me forcez à vous tenir un étrange langage, et à trahir indignement les secrets de mon sexe. Mais il me suffit de savoir que mes intentions sont pures, et que je sers les intérêts de ma cousine. Oui, je me flatte, après tout, que vous serez pour elle un bon mari : sans quoi je ne lui conseillerois sûrement pas de sacrifier son bonheur à un vain titre. Je serois inconsolable qu’elle pût me reprocher un jour de lui avoir fait perdre un homme de cœur ; car les ennemis mêmes de votre rival rendent justice à son courage. »