Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne fait plus rien qui mérite d’être cité… Attendez pourtant, à présent que j’y pense, il est arrivé un terrible accident au colonel Wilcox. Le pauvre colonel ! vous le connoissez, milord. Il n’y a personne qui ne le connoisse. Sur mon honneur, je suis fort en peine de lui.

— Et pourquoi, je vous prie ? dit lady Bellaston.

— Pourquoi ? il a tué ce matin un homme en duel ; voilà tout. »

Lord Fellamar qui n’étoit pas dans le secret, demanda sérieusement qui il avoit tué.

« Un jeune homme, répondit Édouard, qu’aucun de nous ne connoît, un nouveau débarqué du comté de Somerset, un nommé Jones, proche parent d’un M. Allworthy dont milord a, je crois, entendu parler. Je l’ai vu étendu mort dans un café. Ma foi, c’étoit un fort bel homme. »

Sophie commençoit à donner, quand Tom Édouard parla d’un homme tué. Elle s’interrompit et prêta une oreille attentive ; car ces sortes d’histoires faisoient toujours beaucoup d’impression sur elle. Aussitôt qu’il eut achevé son récit, elle reprit les cartes, en donna trois à l’un, sept à l’autre, dix à un troisième, et laissant échapper le reste de ses mains, elle s’évanouit.

Il arriva ce qui arrive d’ordinaire en pareille occasion. On s’effraya d’abord, on appela ensuite au secours. À la fin, Sophie recouvra ses sens et