de distance de la première ville, ce procureur qui y avoit dîné avec Jones. Comme il connoissoit Honora, il s’arrêta pour lui parler. Sophie se contenta, dans le moment, de demander son nom, sans faire autrement attention à lui ; mais apprenant ensuite quelle étoit sa profession et sa manière expéditive de voyager, qui lui avoit donné une sorte de célébrité, et se souvenant d’avoir entendu Honora lui dire qu’elle alloit avec sa maîtresse à Glocester, elle craignit que son père, instruit par cet homme de sa marche, ne suivît ses traces jusqu’à cette ville, et ne parvînt à la rattraper, si elle prenoit tout de suite le chemin de Londres. Elle changea donc de résolution, loua des chevaux pour un voyage de huit jours et pour une fausse route, et quoique excédée de fatigue, elle se décida à repartir, malgré les instantes prières d’Honora, et les représentations de mistress Whitefield qui, par politesse, ou par bon naturel, la pressoit vivement de coucher à Glocester. Elle ne prit rien autre chose que quelques tasses de thé, se jeta deux heures sur un lit, pendant qu’on faisoit rafraîchir ses chevaux, puis se remit en route vers onze heures du soir, et se dirigeant du côté de Worcester, elle arriva en moins de quatre heures à l’auberge où nous l’avons vue dernièrement.
Après avoir décrit en détail la marche de notre