charmante me suivoit sans cesse. Il m’étoit impossible de m’attacher à aucune autre femme. Mais quand mon cœur eût été libre, celle que le hasard me fit rencontrer dans ce lieu de malédiction, n’étoit pas digne d’inspirer un attachement sérieux. Croyez-moi, mon ange, je ne l’ai point vue depuis ce jour funeste, et je n’ai ni l’intention ni le désir de la revoir. »
Sophie se sentit intérieurement charmée de ce langage ; mais affectant un air encore plus froid qu’auparavant : « Monsieur Jones, dit-elle, pourquoi prenez-vous la peine de vous justifier, quand personne ne vous accuse ? Si je voulois vous accuser, j’aurois à vous reprocher une offense impardonnable.
— Laquelle, au nom du ciel ? répondit Jones interdit, agité, s’imaginant qu’elle alloit lui parler de son commerce avec lady Bellaston.
— Est-il possible, reprit-elle, que les sentiments les plus nobles et les plus vils s’allient dans le même cœur ? »
Jones se représenta de nouveau sa criminelle liaison avec lady Bellaston et les bienfaits ignominieux qui en étoient le prix, et il n’eut pas la force d’articuler un mot.
« Devois-je m’attendre, continua Sophie, à un pareil traitement de votre part ? que dis-je, de la part d’un homme bien né, d’un homme d’hon-