du pauvre Jones. Mistress Fitz-Patrick, avec la sagacité ordinaire à son sexe, découvrit bientôt en lui un amant, mais un amant dont une amie éclairée de Sophie ne devoit pas seconder les vues. En un mot, elle le prit pour ce Blifil que sa cousine avoit fui, et toutes les réponses qu’elle tira adroitement de Jones, touchant la famille de M. Allworthy, la confirmèrent dans cette opinion. Elle refusa donc de lui faire connoître la demeure de Sophie, et Jones ne put rien obtenir d’elle, que la permission de revenir la voir le lendemain au soir.
Lorsqu’il fut parti, mistress Fitz-Patrick confia ses soupçons à sa femme de chambre. « Madame, lui dit Betty, ce jeune homme est à mon gré trop joli garçon pour qu’on songe à le fuir. Je croirois plutôt que c’est M. Jones.
— M. Jones ? reprit mistress Fitz-Patrick, qu’est-ce que c’est que M. Jones ? » Sophie, dans ses entretiens avec sa cousine, n’avoit pas prononcé son nom une seule fois ; mais Honora, beaucoup moins discrète, avoit conté tout ce qu’elle savoit de lui à sa compagne irlandoise qui le répéta en ce moment à sa maîtresse.
Ce récit ramena sur-le-champ mistress Fitz-Patrick à l’avis de sa femme de chambre ; et ce qu’on aura peine à concevoir, elle vit dans l’amant aimé mille charmes qu’elle n’avoit pas