avec un sourire dédaigneux, et prenez garde à vous-même ; car vous êtes plus jeune que moi. J’irai vous voir sous peu. À propos, ma chère Sophie, souffrez, qu’à mon tour, je vous donne un conseil. Gardez pour la campagne le rôle de miss Sensée. Croyez-moi, il vous réussiroit mal à Londres. »
Ainsi se quittèrent les deux cousines. Sophie alla trouver aussitôt lady Bellaston, qui lui fit l’accueil le plus poli et le plus affectueux. Cette dame l’avoit vue autrefois chez sa tante Western, et avoit conçu pour elle beaucoup d’amitié. Elle fut charmée de la revoir, et ne sut pas plus tôt les motifs de sa fuite, qu’elle applaudit à sa résolution. Elle la remercia d’avoir choisi sa maison pour asile, et lui promit, en retour de ce témoignage de confiance, toute la protection qui dépendoit d’elle.
Maintenant que nous avons remis Sophie en mains sûres, le lecteur nous permettra de l’y laisser pendant quelque temps, et de jeter un regard sur nos autres personnages, particulièrement sur le pauvre Jones. Le remords de ses fautes passées, par une conséquence naturelle du vice, auroit suffi pour son châtiment ; et nous pensons qu’il en a fait, d’ailleurs, une assez longue pénitence.