tante ; il se plaignit en termes amers des encouragements qu’elle lui avoit donnés, et se fit un mérite à mes yeux de tant d’heures ennuyeusement passées auprès d’elle. Que vous dirai-je, ma chère Sophie ? à vous parler sans détour, j’étois flattée de ma conquête. C’étoit pour moi un plaisir charmant de supplanter ma tante, et plus de vingt autres femmes. En un mot, je crains de n’avoir pas gardé, dès sa première déclaration, la réserve convenable… J’eus la foiblesse de lui donner des espérances, avant la fin de notre entrevue.
« Tout Bath alors se déchaîna contre moi. Plusieurs jeunes femmes affectèrent de m’éviter, moins peut-être parce qu’elles doutoient de ma vertu, que dans le dessein de m’exclure d’une société où j’occupois seule l’attention de leur héros favori. Je ne puis m’empêcher d’exprimer ici ma reconnoissance pour l’honnête M. Nash. Il eut un jour la bonté de me prendre à part, et de me donner des conseils qui auroient fait mon bonheur, si je les avois suivis. — « Mon enfant, me dit-il, je suis fâché de voir votre liaison avec un homme non-seulement indigne de votre main, mais capable, j’en ai peur, de vous perdre entièrement. Quant à votre vieille folle de tante, sans le dommage qui en résulteroit pour vous et pour ma charmante Sophie Western (je répète, je vous