Black Georges, muni de la bourse, se rendit au cabaret où Jones l’attendoit. Chemin faisant, l’idée lui vint de s’approprier aussi l’argent qu’il portoit. Sa conscience se révolta contre cette coupable pensée, et l’accusa d’ingratitude envers son bienfaiteur. L’avarice répondit à la conscience, que ses scrupules étoient un peu tardifs ; qu’après avoir souffert tranquillement un vol de cinq cents guinées, il y auroit de sa part de l’absurdité, sinon de l’hypocrisie, de se gendarmer pour une bagatelle. La conscience, en habile avocat, essaya de prouver qu’il étoit très-différent de violer un dépôt, ou de retenir un objet trouvé par hasard. L’avarice traita cette distinction de ridicule et vaine subtilité, et posa en principe, que lorsqu’on s’est une fois écarté de l’honneur et de la probité, il n’y a pas de raison pour y revenir. La pauvre conscience auroit fini par succomber dans cette lutte inégale, si la peur ne fût venue à son secours, et n’eût démontré d’une manière péremptoire, que toute la différence entre les deux actions consistoit, non dans le plus ou le moins de mal, mais dans le plus ou le moins de danger ; que la soustraction des cinq cents livres sterling compromettoit peu le voleur, tandis que celle des seize guinées l’exposoit au péril presque certain d’être découvert.
Grace à l’utile secours de la peur, la conscience