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TOM JONES.

que le sont d’ordinaire ceux qui préfèrent l’argent à tout.

Ils furent d’avis que la lettre devoit être remise à Sophie par le ministère d’Honora. Ce plan adopté, ils se séparèrent. Le garde retourna au château, et Jones alla attendre son retour dans un cabaret distant d’un demi-mille.

Honora fut la première personne que Georges rencontra, en arrivant. Il lui fit d’abord quelques questions pour la sonder, puis il lui remit la lettre dont il étoit chargé. Il en reçut, en échange, une de Sophie pour Jones. Honora lui dit qu’elle la portoit depuis le matin dans son sein, et qu’elle commençoit à désespérer de trouver le moyen de la faire parvenir à son adresse.

Le garde, ravi du succès de son message, s’empressa d’aller retrouver Jones. Notre héros eut à peine entre les mains la lettre de Sophie, qu’il en rompit à la hâte le cachet, se retira à l’écart, et lut ce qui suit.

« Monsieur,

« Il est impossible de vous peindre ce que j’ai éprouvé, depuis que je ne vous ai vu. La patience avec laquelle vous avez souffert, pour l’amour de moi, les cruelles insultes de mon père, m’impose envers vous une obligation que je ne crain-