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TOM JONES.

l’amour avoit coloré ses joues, tout son corps frissonne, et son amant a peine à soutenir ses pas chancelants.

Ou, quand deux voyageurs étrangers au merveilleux esprit de l’endroit, s’amusent le soir à vider ensemble une bouteille, dans quelque auberge ou taverne de Salisbury ; si le grand Dowdy[1], qui joue le rôle de fou aussi bien que ses compères jouent celui de niais, vient à secouer bruyamment ses chaînes dans le corridor, et à chanter d’une voix sépulcrale sa lamentable complainte, à l’instant l’effroi s’empare des deux buveurs : interdits, consternés, ils cherchent à la hâte un moyen de fuir le danger qui approche, et les menace de plus en plus. Sans les barreaux de fer qui les empêchent de sauter par les fenêtres, ils n’hésiteroient pas à prendre cette voie pour se sauver, au risque de se casser le cou.

Ainsi trembla, ainsi pâlit Sophie à l’approche de son père qui, d’une voix terrible, éclatoit en jurements, en malédictions et en menaces contre Jones. S’il faut dire la vérité, nous croyons que le jeune homme lui-même, par des motifs de prudence faciles à deviner, auroit souhaité d’être bien loin en ce moment, si sa tendre sollicitude

  1. Il s’agit ici probablement de quelque mystification en usage à Salisbury, du temps de Fielding Trad.