accès auprès de vous. Oh ! répondez-moi, Sophie, adoucissez l’amertume de ma douleur. Personne n’a jamais aimé avec autant d’ardeur, avec autant d’ivresse que moi. Oh ! par pitié, ne me reprenez pas cette main charmante, cette main chérie ! un moment, peut-être, va nous séparer sans retour. Il ne falloit rien moins qu’une nécessité impérieuse, pour me faire sortir des bornes du respect que je vous dois. »
Elle demeura muette et confuse. « Monsieur Jones, lui dit-elle enfin d’un air affectueux, que me demandez-vous ?
— Promettez-moi seulement de ne point vous donner à Blifil.
— Ne prononcez pas ce nom détesté. Soyez sûr que je ne lui accorderai jamais, ce qu’il sera en mon pouvoir de lui refuser.
— Encore une grace. Dites, oh ! dites-moi que j’espère.
— Hélas ! monsieur Jones, quel espoir puis-je vous donner ? vous connoissez le caractère de mon père.
— Oui, mais je sais qu’il n’a pas le droit d’user de contrainte envers vous.
— Quelles suites terribles auroit ma désobéissance ! la certitude de ma perte est ce qui me touche le moins. Je ne saurois supporter l’idée d’être cause du malheur de mon père.