les yeux baignés de larmes. Comme elle avoit les pleurs à commandement, elle en répandit aussitôt en abondance. « Bonté divine ! mademoiselle, s’écria-t-elle, que s’est-il donc passé ? qu’avez-vous ?
— Rien, lui répondit Sophie.
— Rien ? ô ma chère maîtresse, il ne faut pas me dire cela, quand je vous vois dans cet état, et après la querelle que vous venez d’avoir avec madame votre tante !
— Cesse de m’importuner. Je te répète que je n’ai rien. Mon Dieu, mon Dieu ! pourquoi suis-je née ?
— Mademoiselle ne me persuadera point qu’elle se désole ainsi pour rien. Je ne suis qu’une femme de chambre, cela est vrai ; mais j’ai toujours été attachée à mademoiselle, et je donnerois ma vie pour elle.
— Ma chère Honora, tu ne peux m’être d’aucun secours : je suis perdue sans ressource.
— À Dieu ne plaise ! mais si je ne puis vous être d’aucun secours, apprenez-moi du moins, ma chère demoiselle, ce me sera toujours une petite consolation, apprenez-moi, de grace, ce dont il s’agit.
— Eh bien ! mon père veut me marier à un homme que je méprise et que j’abhorre.
— Ô ma chère maîtresse ! quel est ce méchant