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amant, elle ne songea qu’à le sauver. Le jeune homme, animé d’un égal désir de pourvoir à sa sûreté, en chercha les moyens avec elle.

Après une longue délibération, il fut arrêté que Northerton se rendroit, par des chemins de traverse, à Hereford ; que de là, il tâcheroit de gagner un des ports du pays de Galles, et de passer sur le continent. Mistress Waters lui dit qu’elle le suivroit partout, et lui fourniroit l’argent nécessaire (article très-important pour Northerton). Elle lui confia qu’elle avoit une somme de quatre-vingt-dix livres en billets de banque, quelque argent comptant, et une bague de diamant d’un grand prix. La pauvre femme étoit loin de soupçonner qu’elle inspiroit au scélérat, par cette confidence, le dessein de la voler. Ils ne prirent point de chevaux à Worcester, dans la crainte d’indiquer leur marche à ceux qui seroient tentés de les poursuivre. L’enseigne proposa, et la dame accepta de faire à pied la première poste : ce que le temps sec et froid rendoit très-facile.

Mistress Waters avoit envoyé la plus grande partie de ses effets à Bath. Elle n’avoit gardé qu’un peu de linge, que le galant se chargea de porter dans ses poches. Ils firent le soir tous leurs préparatifs, se levèrent le lendemain de