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campagne d’hiver projetée contre les rebelles.

Northerton fut instruit de cette convention. La dame, pour ne rien dissimuler, lui avoit donné rendez-vous à Worcester, où elle avoit promis d’attendre l’arrivée de sa compagnie. Dans quelle vue ? et à quel dessein ? C’est au lecteur à le deviner. Si nous sommes obligé de rapporter les faits avec exactitude, nous ne le sommes point de faire violence à notre naturel, par des commentaires injurieux pour la plus aimable moitié du genre humain.

Dès que Northerton eut recouvré, comme on l’a vu, sa liberté, il se hâta d’aller rejoindre mistress Waters. Leste et vigoureux, il arriva à la ville indiquée, peu d’heures après le départ du capitaine. Il ne fit nulle difficulté de confier à sa maîtresse sa fâcheuse aventure, qu’il eut soin de présenter sous le jour le plus avantageux. Il en retrancha tous les détails qui pouvoient le rendre coupable au tribunal de l’honneur, et ne laissa subsister que quelques circonstances susceptibles de discussion devant celui de la justice.

Les femmes (soit dit à leur louange) sont plus généralement capables que les hommes de cet amour violent et désintéressé qui sacrifie tout au bien-être de l’objet aimé. Aussitôt que mistress Waters eut connoissance du péril que couroit son