nois beaucoup de gens qui pensent que c’est le diable.
— Ma foi, dit Partridge, cela pourroit bien être ; et maintenant que vous m’en donnez l’idée, je crois fermement que c’étoit le diable en personne, quoique je n’aie point aperçu son pied fourchu ; mais peut-être a-t-il le pouvoir de le cacher ; car les esprits malins prennent telle forme qu’il leur plaît.
— Monsieur, interrompit le sergent (soit dit sans vous offenser), apprenez-moi, de grace, puisque vous l’avez vu, quelle espèce de personnage est le diable ? J’ai ouï dire à quelques-uns de nos officiers, que c’étoit un être chimérique inventé par les prêtres, pour se rendre nécessaires ; car s’il étoit une fois reconnu qu’il n’existe point de diable, on n’auroit non plus besoin de prêtres, que de soldats en temps de paix.
— Ces officiers-là, dit Partridge, sont sans doute des hommes très-instruits ?
— Point du tout, monsieur, répondit le sergent, ils n’ont pas, je crois, la moitié de votre science. Pour moi, malgré leurs beaux discours, et quoique l’un d’eux fût capitaine, j’ai toujours cru au diable. S’il n’existe pas, pensois-je en moi-même, où iront les méchants ? Et j’ai lu, dans un livre, qu’ils doivent tous aller au diable.
— Quelques-uns de vos officiers, ajouta l’hôte,