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« C’est, dit-il, la femme de M. Waters, capitaine dans notre régiment. Elle l’a souvent accompagné à la garnison. Quelques personnes doutent qu’ils soient mariés en face de l’église : c’est leur affaire et non la mienne. Foi de sergent, la réputation de la dame ne flaire pas comme baume. Quant au capitaine, il ira droit en paradis, lorsqu’on verra le soleil reluire par un jour de brouillard. En tout cas, s’il y va jamais, il y en ira bien d’autres. La dame, pour lui rendre justice, est une bonne créature. Elle aime l’uniforme, et veut qu’il soit respecté. Elle a vingt fois demandé la grace de pauvres soldats. Si on l’en croyoit, on n’en puniroit jamais un. Il est vrai, qu’à notre dernière garnison, l’enseigne Northerton passoit pour être fort bien avec elle ; mais le capitaine l’ignore, et tant qu’il l’ignorera, c’est comme s’il n’en étoit rien. Il a toujours pour elle la même tendresse, et je suis sûr qu’il passeroit son épée au travers du corps de quiconque en diroit du mal : aussi me gardé-je bien d’en dire. Je ne fais que répéter les propos des autres ; et assurément dans ce que tout le monde dit, il doit y avoir quelque chose de vrai.

— Oui, oui, beaucoup de vrai, je vous en réponds, s’écria Partridge. Vox populi, vox Dei[1]. »

— Ce sont de pures calomnies, répondit l’hô-

  1. La voix du peuple est la voix de Dieu.