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à faire impression sur le pauvre jeune homme, elle rassembla dans un sourire mille charmes séducteurs. Ce n’étoit point un sourire de contentement ni de joie, mais ce sourire de bienveillance que la plupart des femmes ont toujours à commandement, et qui leur sert tout à la fois à montrer leur enjouement, leurs jolies fossettes et la blancheur de leurs dents.

Notre héros reçut ce sourire en plein dans les yeux, et faillit en être terrassé. Il vit clairement les desseins de son ennemie et sentit en même temps le pouvoir de ses armes. Alors s’établit entre les deux partis un pourparler, pendant lequel l’artificieuse guerrière poussa l’attaque d’une manière si adroite, si insensible, qu’elle étoit presque assurée du triomphe, avant de recommencer le combat. S’il faut dire la vérité, nous craignons que M. Jones ne se soit mal défendu, et que le perfide n’ait trahi, par une trop prompte capitulation, la fidélité qu’il devoit à sa Sophie. Vers la fin du pourparler amoureux, la dame n’eut pas plus tôt démasqué la batterie royale, en laissant négligemment tomber le mouchoir qui couvroit son sein, que le cœur de Jones fut tout-à-fait subjugué, et la belle héroïne goûta les fruits ordinaires de la victoire.

Il plaît aux Graces de terminer ici leur description, et à nous, de terminer le chapitre.