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à coups de fouet. Elles ne méritent pas d’autre traitement. Quant à madame, je suis désolée du malheur qu’elle a éprouvé ; et si elle daigne consentir à mettre une de mes robes, en attendant qu’elle puisse se procurer les siennes, la meilleure de celles que je possède est à son service. »

Nous ne saurions dire ce qui fit le plus d’impression sur mistress Waters, du froid, de la honte, ou des instances de M. Jones. Quoi qu’il en soit, elle se laissa fléchir par les supplications de l’hôtesse, et se retira avec elle, pour s’habiller d’une manière décente.

L’hôte se préparoit aussi à faire à Jones un petit compliment ; mais le jeune homme eut la générosité de le prévenir. Il lui serra la main, et l’assura d’un entier oubli du passé. « Si vous êtes satisfait, mon brave ami, lui dit-il, je vous jure que je le suis pareillement. » L’hôte, en un sens, avoit plus sujet que Jones d’être satisfait ; car la balance des coups étoit tout en sa faveur : c’est-à-dire qu’il en avoit beaucoup reçu et peu donné.

Partridge que nous avons laissé, occupé à étancher le sang qui ruisseloit de son nez, rentra dans la cuisine au moment où son maître et l’aubergiste se serroient la main. Comme il étoit ennemi des querelles sérieuses, il fut charmé de ce signe de réconciliation ; et quoique son visage portât des marques du poing, et surtout des on-