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la voir ainsi vêtue, et qu’il craignoit qu’elle n’eût éprouvé quelque accident fâcheux.

« Il m’en est arrivé un, reprit la dame, qui a failli m’être funeste. Si j’existe encore, c’est à monsieur (montrant Jones) que je dois la vie.

— Quoi que ce gentilhomme ait fait pour vous, répliqua le sergent, je suis sûr que le capitaine l’en récompensera bien. Disposez de moi, madame, je m’estimerai heureux de pouvoir vous être utile, et tout le monde auroit le même empressement à vous servir : car on connoît la générosité du capitaine. »

L’hôtesse qui avoit entendu ce dialogue du haut des degrés, descendit précipitamment, et courut demander pardon à mistress Waters de l’injure qu’elle lui avoit faite, la priant de l’imputer à l’ignorance où elle étoit de sa qualité. « Bon Dieu, madame ! dit-elle, comment aurois-je pu reconnoître, dans un pareil désordre, une personne de votre rang ? Si j’avois soupçonné qui vous étiez, je me serois plutôt brûlé la langue, que de dire ce que j’ai dit. J’espère que madame voudra bien me pardonner, et accepter une de mes robes, en attendant qu’elle puisse se procurer les siennes.

— Taisez-vous, insolente, répondit mistress Waters, pensez-vous que je me soucie des propos d’une créature telle que vous ? Je m’étonne qu’a-