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billets de logement pour sa troupe, et un pot de bière, et s’étendit devant le feu de la cuisine, en se plaignant de la rigueur du froid.

M. Jones tâchoit alors de consoler la dame affligée qui, assise auprès d’une table, la tête appuyée sur son bras, déploroit son infortune. Pour rassurer nos belles lectrices sur une circonstance aussi délicate, nous leur dirons, que la dame, avant de quitter sa chambre, s’étoit enveloppée soigneusement d’une taie d’oreiller qu’elle y avoit trouvée : de façon que sa pudeur n’avoit rien à souffrir des regards de tant d’hommes réunis en sa présence.

Un des soldats s’approcha du sergent, et lui dit à l’oreille quelques mots qui l’engagèrent à fixer ses regards sur l’inconnue. Il la considéra pendant près d’une minute, puis s’avançant vers elle : « Excusez-moi, madame ! s’écria-t-il, je ne me trompe pas, vous êtes bien la femme du capitaine Waters ? »

La pauvre dame qui, dans sa détresse, n’avoit osé envisager personne, n’eut pas plus tôt levé les yeux sur le sergent, qu’elle le reconnut. « Vous avez raison, lui répondit-elle en l’appelant par son nom, je suis l’infortunée dont vous parlez. Mais je m’étonne que qui que ce soit ait pu me reconnoître sous ce déguisement. »

Le sergent répartit qu’il étoit très-surpris de