Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/391

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fut l’arrivée d’un carrosse à quatre chevaux. L’hôte et l’hôtesse cessèrent aussitôt de combattre, et obtinrent de leurs antagonistes qu’ils en fissent autant. Susanne seule, ne put se résoudre à lâcher si vite le bon Partridge, qu’elle avoit renversé. Notre amazone, assise à califourchon sur son ennemi, le souffletoit vigoureusement des deux mains, sans pitié pour le malheureux qui lui demandoit quartier, et crioit de toutes ses forces qu’elle l’assassinoit.

Jones, débarrassé de l’hôte, vola au secours de son compagnon, qu’il arracha avec peine des griffes de l’enragée servante. Partridge ne s’aperçut pas tout de suite de sa délivrance. Étendu sur le carreau, il continuoit à garantir sa face avec ses mains, et à hurler d’une manière pitoyable. Jones le força enfin de lever les yeux, et de se convaincre que le combat étoit terminé.

L’hôte, sorti de la mêlée sans blessure apparente, et l’hôtesse, couvrant de son mouchoir sa figure tout égratignée, coururent ensemble au-devant du carrosse. Une jeune dame en descendit avec sa suivante. L’hôtesse s’empressa de les conduire dans la meilleure chambre de son auberge, qui étoit celle où M. Jones avoit déposé sa belle conquête. Pour s’y rendre, elles furent obligées de traverser le champ de bataille : ce qu’elles firent à la hâte, et en baissant leurs voiles, dans