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laissé d’inspirer un grand effroi à beaucoup de sages, et même à beaucoup de braves ; au point que tel, qui avoit affronté la bouche d’un canon chargé à mitraille, a pâli devant celle où s’agitoit cette arme redoutable, et plutôt que de s’exposer à ses coups, s’est résigné à faire aux yeux de ses amis, une humble et piteuse figure.

À dire vrai, nous craignons que M. Jones ne fût de ce tempérament. Quoique attaqué et fort maltraité par l’arme susdite, loin d’essayer la moindre résistance, il supplia lâchement son ennemie de lui accorder une trêve : en bon François, il conjura l’hôtesse de l’écouter. Mais avant qu’il pût obtenir d’elle une réponse, l’hôte se mêla de la querelle, et embrassa le parti qui sembloit avoir le moins besoin de secours.

Certains héros se déterminent à chercher, ou à éviter le combat, d’après le caractère et la conduite de leurs adversaires. On dit, dans ce cas, qu’ils connoissent leur homme. Jones, à ce qu’il paroît, connoissoit sa femme. Après avoir montré tant de soumission pour l’hôtesse, il prit feu à la première provocation de l’hôte, et lui ordonna de se taire, sous peine d’être châtié de son insolence. Il ne le menaça de rien moins, que de le jeter, en guise de bûche, dans le feu de sa cuisine.

« Demandez d’abord à Dieu de vous en donner