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d’une Clive. Ainsi sur le théâtre du monde, les caractères se dessinent avec une force et une hardiesse que l’art ne peut rendre ; et si cela est vrai des tableaux pleins de chaleur et de vie peints d’après nature par les grands maîtres, que dire de ces pâles ébauches faites d’après les livres ? Ce ne sont que de foibles copies de copies, où l’on ne retrouve ni la précision, ni la verve des originaux.

Notre historien doit fréquenter toutes les classes de la société, sans distinction de rang, ni d’état. En effet, les mœurs du grand monde ne lui feront pas connoître celles du peuple, non plus que les mœurs du peuple ne l’instruiront de celles du grand monde. On auroit tort de croire qu’il lui suffise d’étudier une seule de ces deux classes, pour la bien peindre ; car les travers de l’une font ressortir ceux de l’autre. Ainsi les manières recherchées des grands paroissent plus frappantes et plus ridicules, opposées à la simplicité du peuple ; et de même la grossièreté du peuple contribue, par le contraste, à relever la politesse des grands. D’ailleurs notre historien trouvera un avantage particulier à étendre le cercle de ses observations. La classe inférieure

    riorité de talent inconnue avant eux, et que n’obtiendra jamais la troupe servile des imitateurs.