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leurs ouvrages des ornements de la poésie, n’étoient étrangers à aucune des connoissances de leur siècle.

Il est une autre sorte de science qui ne s’acquiert point par l’étude, mais dans le commerce du monde : science indispensable pour l’intelligence des différents caractères des hommes, et tout-à-fait ignorée de ces doctes pédants qui ont consumé leur vie entière à pâlir sur les livres, dans la poussière d’un collége. Malgré la peinture achevée que de grands écrivains ont faite de la nature humaine, le monde seul en offre une image réelle et complète. Cette vérité s’applique à toutes les branches de connoissances. La pratique de la médecine et de la jurisprudence ne s’apprend point dans les livres. Il faut que le fermier, le planteur, le jardinier, perfectionnent par l’expérience les leçons de la théorie. L’ingénieux Miller qui a si bien décrit les plantes, conseilloit lui-même à ses élèves d’aller les étudier sur le terrain. Quelle que soit la vivacité d’expression qui brille dans les pièces de Shakespeare, de Johnson, de Wycherly, ou d’Otway, il y a certains traits qui nous échappent à la lecture, et que nous fait sentir le jeu savant d’un Garrick[1], d’une Cibber,

  1. C’est une justice de nommer ici ce grand acteur et ces deux actrices célèbres, qui, loin de s’attacher à suivre les traces de leurs devanciers, ont pris la nature seule pour guide, et sont ainsi parvenus à une supé-