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humaine en général. » Le vieillard prononça ces derniers mots avec tant de chaleur, que Jones, désespérant de le convaincre et ne voulant pas l’offenser, garda le silence.

Les premiers rayons du jour commençoient à paroître. Jones demanda pardon au solitaire d’être resté si long-temps, et de l’avoir peut-être empêché de se reposer. Le vieillard lui répondit, que jamais il n’avoit eu moins besoin de repos ; qu’il ne mettoit point de différence entre le jour et la nuit, que même il avoit coutume de consacrer celle-ci à la promenade et à la méditation, et l’autre au repos. « Cependant, ajouta-t-il, la matinée est délicieuse. Si vous pouvez vous passer encore quelque temps de nourriture et de sommeil, je me ferai un plaisir de vous montrer des points de vue d’une beauté admirable. »

Jones accepta volontiers sa proposition, et ils sortirent ensemble de la chaumière. Quant à Partridge, il s’étoit profondément endormi à la fin de l’histoire qu’on vient de lire. Sa curiosité une fois satisfaite, les réflexions philosophiques du vieillard ne purent le défendre contre les charmes du sommeil. Jones le laissa donc dormir ; et comme le lecteur a peut-être envie d’en faire autant, nous terminerons ici le huitième livre de notre histoire.