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sons, d’insectes, de végétaux, dont Dieu s’est plu à enrichir les diverses parties du globe : spectacle plein de charme pour un esprit observateur, et qui démontre d’une manière admirable la puissance, la sagesse et la bonté du Créateur. Un seul de ses ouvrages lui fait quelque déshonneur, c’est l’homme, et j’ai rompu, depuis long-temps, tout commerce avec lui. »

« Excusez-moi, monsieur, dit Jones, j’ai toujours cru qu’il y avoit dans ce dernier ouvrage autant de variété, que dans le reste de la création. Sans parler de la différence des caractères, le climat et les mœurs doivent introduire une extrême diversité parmi les hommes.

— Une très-petite, monsieur, je vous assure. Ceux qui voyagent dans le dessein d’étudier les mœurs des hommes, pourroient s’épargner beaucoup de peine, en allant passer le carnaval à Venise. Ils y verroient d’un coup d’œil tout ce qu’on observe dans les différentes cours de l’Europe : la même hypocrisie, la même duplicité, en un mot les mêmes folies et les mêmes vices, sous divers costumes. Celui des Espagnols est plein de gravité, celui des Italiens éblouit par le clinquant. En France, un fripon est vêtu comme un petit-maître, dans le Nord, comme un gredin ; mais la nature humaine est partout la même, partout un objet digne d’horreur et de mépris.