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ne les crois point capables de cet excès de folie. Je veux qu’un petit nombre de papistes enflammés d’un faux zèle, et animés par la voix de leurs prêtres, embrassent cette cause désespérée, et l’appellent une guerre sainte ; mais que des protestants, que des membres de l’église anglicane soient apostats et parjures à ce point, c’est ce qu’il m’est impossible d’admettre. Non, non, jeune homme, quoique étranger à ce qui s’est passé dans le monde depuis trente ans, je ne puis ajouter foi à une fable aussi absurde. Sans doute vous voulez vous jouer de mon ignorance.

— Eh ! se peut-il, répliqua Jones, que vous ayez vécu assez éloigné du commerce des hommes, pour ignorer que dans cet intervalle de temps il a éclaté en faveur du fils du roi Jacques deux rébellions, dont l’une déchire encore en ce moment le cœur du royaume ? »

À ces mots, le vieillard se leva brusquement, et du ton le plus solennel il adjura Jones, au nom de son Créateur, d’attester si ce qu’il venoit de dire étoit véritable ? Jones l’affirma avec la même solennité. Le vieillard fit plusieurs fois le tour de sa chambre dans un profond silence, tantôt les larmes aux yeux, tantôt le rire sur les lèvres, puis tombant à genoux, il remercia le ciel à haute voix de l’avoir délivré de toute relation avec des êtres coupables de si monstrueuses ex-