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avec une puissante armée hollandaise, tandis qu’une autre flotte considérable croisoit sur la côte de Norfolk, où elle devoit jeter des troupes, pour opérer une diversion de ce côté, en faveur du duc.

« Cet apothicaire étoit un des grands politiques de son temps. Il préféroit au meilleur malade la plus mauvaise gazette. Rien ne lui causoit tant de joie que de recevoir quelque avis, avant le reste de la ville ; mais ses nouvelles se trouvoient rarement exactes, car il étoit d’une extrême crédulité, et bien des gens en abusoient pour l’attraper.

« C’est ce qui arriva en cette occasion. On sut bientôt que le duc de Monmouth étoit en effet débarqué, mais qu’il n’avoit qu’une poignée de monde à sa suite. À l’égard de la diversion dans le Norfolk, elle étoit entièrement fausse. L’apothicaire nous eut à peine conté ses nouvelles, qu’oubliant son malade, il courut les répandre par toute la ville.

« Des événements publics de cette nature font taire généralement les intérêts particuliers. Notre entretien ne roula plus que sur la politique. Quant à moi, j’étois frappé depuis quelque temps des dangers que couroit la religion protestante, sous un prince papiste ; et cette seule crainte justifioit à mes yeux l’insurrection qui éclatoit ; car