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car je revins chez lui le soir même. En entrant dans sa chambre, je le trouvai assis sur son lit, jouant aux cartes avec un garnement de notre ancienne société. Vous pouvez croire que cette rencontre ne me causa pas peu d’indignation. J’eus en outre le chagrin de voir passer mon billet entre les mains de son adversaire, qui ne lui rendit en échange que trente guinées.

« Dès que l’étranger fut sorti, Watson s’écria que ma présence le couvroit de confusion ; « mais, dit-il, la fortune me traite avec une telle rigueur, que je veux renoncer au jeu pour toujours. J’ai beaucoup réfléchi sur l’offre obligeante que vous m’avez faite, et il ne tiendra pas à moi que je ne m’en rende digne. »

« Quoique j’ajoutasse peu de foi à ses promesses, je ne me crus pas dispensé de remplir la mienne. Je lui remis le reste des cent guinées ; il m’en donna un reçu ; et cette vaine reconnoissance étoit tout ce que je comptois jamais avoir de lui, en retour de mon argent.

« Notre conversation fut interrompue par l’arrivée de l’apothicaire qui, le visage rayonnant de joie, et sans s’informer de la santé de son malade, nous annonça qu’une lettre qu’il venoit de recevoir contenoit de grandes nouvelles, dont le public seroit bientôt instruit ; que le duc de Monmouth étoit débarqué dans l’ouest de l’Angleterre