l’ame, le christianisme la touche et l’adoucit. La première nous fait admirer des hommes, le second nous fait aimer du ciel ; celle-là nous assure un bonheur temporel, celui-ci, une félicité qui n’aura pas de fin… Mais je crains de vous ennuyer par mon verbiage. »
« Point du tout, monsieur, dit Partridge, Dieu nous garde de nous ennuyer de si bonnes choses ! »
« Je menois depuis environ quatre ans, poursuivit le solitaire, une vie délicieuse, libre de soins et d’affaires, et livré tout entier à la contemplation, quand je perdis le plus tendre des pères. Je l’aimois avec passion : aussi ma douleur fut-elle sans bornes. Plongé dans une sombre mélancolie, je renonçai pendant plusieurs mois aux livres et à l’étude. Le temps enfin, le meilleur médecin des peines de l’ame, apporta quelque remède à mon affliction. »
« Oui, dit Partridge, tempus edax rerum[1]. »
« Je repris alors, continua le vieillard, mes occupations favorites. Elles achevèrent ma guérison ; car l’étude de la philosophie et de la religion est aussi salutaire pour un esprit malade, que l’exercice pour un corps languissant et débile : elles lui donnent cette vigueur et cette fermeté d’ame qu’Horace attribue au sage.
- ↑ Le temps consume tout.