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se procurer un chirurgien, étant, disoit-il, très affoibli par la perte de son sang. Il paroissoit heureux d’avoir rencontré quelqu’un dont l’habit annonçoit un homme comme il faut ; car la multitude qui l’environnoit, à en juger par l’extérieur, étoit peu propre à lui inspirer de la confiance.

« Je pris le blessé par le bras et le conduisis à la taverne la plus proche ; c’étoit celle qui nous servoit de rendez-vous. Par bonheur, il s’y trouvoit un chirurgien qui pansa sur-le-champ ses blessures, et j’eus la satisfaction de lui entendre dire qu’elles n’étoient pas mortelles.

« Après avoir rempli son ministère avec autant de dextérité que de promptitude, il demanda au blessé en quel endroit de la ville il demeuroit ? Celui-ci répondit, qu’arrivé le matin même, il avoit mis son cheval à une auberge, dans Piccadily, et qu’il y logeoit aussi, n’ayant point de connoissances à Londres.

« Le chirurgien, dont le nom m’a échappé (je me souviens seulement qu’il commençoit par un R), étoit un des premiers de sa profession, et chirurgien du roi. Il avoit, en outre, un grand nombre de bonnes qualités. Sensible, bienfaisant, on le trouvoit toujours prêt à secourir ses semblables. Il offrit sa voiture au blessé pour le ramener à son auberge, et lui dit en même temps