qui m’étoit arrivé, depuis son départ de l’université.
« Il ne me laissa pas long-temps dans cette agréable illusion ; car prenant un verre d’une main, et me saisissant de l’autre : « Allons, mon brave, me dit-il, je vous félicite de l’honorable issue de votre procès. » Je demeurai comme frappé de la foudre, à ces mots. Watson, témoin de ma confusion, continua ainsi : « Point de honte, mon enfant, sois homme ; tu as été acquitté : ainsi personne n’a plus rien à te reprocher ; mais écoute, la main sur la conscience, n’est-il pas vrai que tu l’avois volé ? Je ne t’en honore pas moins pour cela. Oh ! non, bien au contraire, c’est œuvre méritoire que de plumer un sot. Je regrette seulement que tu ne lui aies pas pris deux mille guinées, au lieu de deux cents. Allons, allons, mon garçon, ne crains pas de t’ouvrir à moi. Tu n’es point ici avec un faux frère. Dieu me damne, si ton action ne me remplit de tendresse et d’estime pour toi ; car sur le salut de mon ame, je n’aurois pas hésité à en faire autant. »
« Cette déclaration releva un peu mon courage. Le vin commençoit d’ailleurs à me dilater le cœur. Je lui avouai franchement le vol ; mais j’ajoutai qu’on l’avoit trompé sur la somme, qui n’étoit guère que la cinquième partie de ce qu’il croyoit.