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CHAPITRE XII.



L’HOMME DE LA MONTAGNE CONTINUE SON HISTOIRE.

« J’avois recouvré la liberté, poursuivit le vieillard, mais j’avois perdu l’honneur ; car à quoi sert d’être acquitté au tribunal de la justice, lorsqu’on est condamné par celui de la conscience, et par l’opinion publique ? Pénétré du sentiment de mon crime, je n’osois lever les yeux sur personne, et dès le lendemain matin, je quittai Oxford, avant que la lumière du jour pût me découvrir aux regards d’aucun être humain.

« Quand je fus hors de la ville, je conçus d’abord la pensée de retourner chez mon père, et d’essayer d’obtenir de lui le pardon de mes fautes. Mais la persuasion où j’étois qu’il savoit tout ce qui s’étoit passé, son horreur bien connue pour l’improbité, la constante aversion de ma mère, ne me permettoient pas d’espérer qu’il me reçût dans sa maison. Eussé-je été d’ailleurs aussi