moins je conservai de goût pour l’étude. C’étoit une conséquence naturelle de mon inconduite ; ce n’en fut pas la plus fâcheuse. Mes dépenses excédèrent non-seulement ma pension annuelle, mais les sommes extraordinaires que j’arrachois à la générosité de mon pauvre père, sous prétexte qu’elles m’étoient nécessaires pour me préparer à prendre, dans peu, le degré de bachelier ès-arts. À la fin, mes demandes furent si multipliées et si exorbitantes, que mon père ouvrit insensiblement l’oreille aux rapports qu’on lui faisoit de toutes parts sur mon compte. Ma mère ne manquoit pas de les répéter sans en rien omettre, et de les envenimer avec sa malignité accoutumée. « Voilà donc, disoit-elle, le beau petit savant qui fait tant d’honneur à sa famille, et qui doit en être l’appui ! J’avois bien prévu à quoi sa science aboutiroit… Il nous ruinera tous. Pour perfectionner l’éducation de ce vaurien, nous avons refusé le nécessaire à son frère aîné ; et voilà le fruit de nos sacrifices ! » Elle tenoit encore beaucoup de propos semblables, qu’il est inutile de rapporter.
« Au lieu d’argent, je ne reçus plus de mon père que des réprimandes : ce qui occasionna dans mes affaires une crise un peu plus prompte ; mais quand il m’auroit abandonné son revenu tout entier, ce n’eût été qu’une ressource précaire