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TOM JONES.

trer d’émotion, sans changer de visage ; il répondit, que l’alliance étoit de tout point conforme à ses vœux ; il s’étendit avec complaisance sur le mérite de la jeune personne, remercia M. Western de la bonne opinion qu’il avoit conçue de son neveu, et finit par lui dire, que si les jeunes gens s’aimoient, il seroit charmé de conclure l’affaire.

M. Western fut un peu déconcerté de cette réponse qui n’avoit pas le degré de chaleur auquel il s’étoit attendu. Il se moqua de l’importance que M. Allworthy attachoit à l’inclination réciproque des jeunes gens. En fait de mariage, c’étoit, dit-il, aux parents, non aux enfants, à juger des convenances. Quant à lui, il exigeroit de sa fille une obéissance absolue ; et s’il se trouvoit un imbécile, capable de refuser une compagne telle que Sophie, il étoit son très-humble serviteur. « Au surplus, ajouta-t-il, j’espère que dans tout cela, il n’y a point de mal de fait. »

M. Allworthy tâcha d’apaiser la colère de l’écuyer, par un nouvel éloge de miss Western ; il l’assura que son neveu recevroit sans doute avec joie une offre si flatteuse ; mais ses efforts furent inutiles. Il ne put obtenir de M. Western que cette réponse, qu’il répéta vingt fois avant de le quitter : « Je n’en dis pas davantage. J’espère qu’il n’y a point de mal de fait, voilà tout. »